mardi 18 mars 2008

3. Si Dieu n'existe pas...

- Si tu le veux bien, cher P.G.C., commençons par le problème de son existence, c’est simple : ou Dieu existe, ou bien il n’existe pas. Après avoir bien réfléchi à cette question, je dis que Dieu existe.
Pascal, humoriste d’un siècle largement écoulé, faisait le même pari, disant qu’il n’aurait pas grand-chose à perdre en supposant à tort que Dieu existe, et ferait une bonne affaire en faisant comme si, dans le cas contraire. Excuse-moi, mais je trouve cette philosophie par défaut un peu faible. Il me semble que ce monsieur aurait mieux fait de se centrer dans son domaine de compétences, par exemple en créant un concurrent d’I.B.M. qui pourrait justifier aujourd’hui de 350 ans d’existence.
- Pascal se mettait au niveau de lecteurs sensibles à une argumentation rationnelle, mais la foi est d’un autre ordre, qui n’a rien à voir avec une démonstration de ce genre.
- Je suis bien de cet avis. Par ailleurs, si Dieu n’existait pas, Woody Allen, humoriste en exercice dans ce siècle, aurait payé son entrecôte trop cher. On peut supposer que dans cette hypothèse il aurait pu tout simplement la voler sans risque, cette entrecôte.
S’il ne conclut pas formellement que Dieu existe, à mon avis il pense que oui.
Bien entendu, la difficulté de trouver un plombier disponible le week-end introduit un facteur de doute qu’il faut prendre en considération.
- Admettons !
- Le charretier en colère, lui, humoriste de haut niveau pour avoir choisi ce métier à une époque où il n’y a plus de charrettes, sauf virtuelles dans les plans sociaux, ce charretier qui s’écrie « nom de Dieu de bordel de merde ! » à propos du problème tout à fait mineur de la sauce tomate dont il vient d’asperger son maillot, je ne dis pas qu’il pense plus à Dieu qu’aux deux autres éléments de sa brève énumération, mais, reconnaissons-le honnêtement, il en parle.

Si même ceux qui ne pensent pas à Dieu en parlent, je suis bien obligé de considérer que Dieu est un phénomène, un phénomène d’une telle ampleur qu’il n’est pratiquement pas possible de l’ignorer. Dieu est ainsi parvenu à devenir un phénomène incontournable, comme on dit de nos jours.
Incontournable, il ne reste plus qu’à essayer de le traverser.
Mais peut-on traverser Dieu sans dommages ?
- A nos risques et périls … Eh bien, tu vois ce qu'il te reste à faire !
- En tout cas, je dis que si Dieu n’existe pas, il est vraiment très fort de faire autant parler de lui.

arn abo

Texte extrait de l'esai 'confessions tardives', édité au profit de l'association humanitaire l'Aile